Le 25 mars, 2025, le ministre des Finances Éric Girard a officiellement présenté le Budget du Québec 2025-2026. Le gouvernement est sous pression pour reprendre le contrôle des dépenses, après avoir enregistré, l’an dernier, un déficit record de 11 milliards de dollars.
Pour le premier ministre François Legault et son équipe, la situation est d’autant plus complexe que la forte incertitude économique liée aux menaces tarifaires américaines amenuise les perspectives de croissance économique, ravivant même le spectre d’une récession au cours des prochains mois.
Le retour à l’équilibre budgétaire ne pourra donc pas passer uniquement par la création de richesse et des coupures additionnelles sont à prévoir. Alors que les attentes étaient élevées en vue de cet important exercice, les moyens de l’État québécois, eux, sont plus limités que jamais.
Ce que disent les chiffres :
- Les dépenses gouvernementales sont estimées à 165,8 milliards de dollars;
- Les revenus prévus s’établissent à 156,3 milliards de dollars;
- Le déficit prévu pour 2025-2026 atteint un nouveau record, à 13,6 milliards après un versement au Fonds des générations;
- L’atteinte de l’équilibre budgétaire est prévue à l’exercice financier 2029-2030.
Prévisions économiques
Avec le budget présenté aujourd’hui, le Québec revoit à la baisse ses perspectives, déjà modestes, de croissance économique pour les prochaines années, principalement en raison du contexte économique international. Ses prévisions de croissance économique ’établissent ainsi à 1,1 pour cent pour 2025 et 1,4 pour cent pour 2026. Québec n’envisage donc pas de récession pour le moment, mais reconnait qu’il s’agit d’une possibilité, comme en témoigne l’importante provision pour imprévus de 8,5 milliards de dollars sur cinq ans.
Taxes et impôts
Pour les particuliers, les taux d’imposition, tout comme la TVQ, demeurent inchangés. Cela ne signifie toutefois pas que les contribuables sont épargnés : le présent exercice financier prévoit des hausses de tarifs et le réaménagement de certains crédits d’impôt, qui risquent de faire mal, comme l’instauration d’une contribution annuelle pour les détenteurs de voitures électriques et l’abolition du bouclier fiscal.
Les entreprises ne sont pas en reste : si leur taux d’imposition demeure inchangé, le gouvernement continue le ménage amorcé dans certaines mesures fiscales dont plusieurs bénéficiaient jusqu’ici. Le gouvernement met ainsi fin à l’indexation du seuil d’admissibilité à la taxe sur la masse salariale des entreprises, et recentre le crédit d’impôt relatif aux ressources pour favoriser les minéraux stratégiques et critiques.
Économie
Le gouvernement prévoit un investissement de 4,1 milliards de dollars pour dynamiser l’économie québécoise dans un contexte de menaces tarifaires, dont une partie est sous forme de prêts. Ces sommes serviront à offrir une aide transitoire aux entreprises touchées par les tarifs américains, à appuyer la réalisation de projets d’investissements et à favoriser la diversification des marchés.
Le ministre des Finances a dévoilé un fascicule sur l’innovation avec de nouveaux investissements. Reste à voir la portée de ces sommes et ce qui sera véritablement offert aux entreprises québécoises.
Santé
Un investissement de 3,9 milliards de dollars est prévu pour assurer une meilleure prestation des soins de santé et de services sociaux. Ces sommes serviront à améliorer l’accès aux soins et aux services, à renforcer les services sociaux pour les personnes vulnérables, à assurer la qualité des milieux de vie destinés aux aînés, et à prioriser la prévention en santé. Il s’agit toutefois de sommes qui avaient déjà majoritairement été annoncées.
Éducation
Un investissement de 1,1 milliard de dollars est prévu pour soutenir les jeunes et les étudiants.
Ces sommes permettront notamment de valoriser la réussite éducative, de consolider l’aide aux jeunes et aux étudiants, de promouvoir la pratique du loisir et du sport, et de soutenir l’accessibilité aux services de garde.
Optimisation du régime fiscal
Le gouvernement prévoit dégager des économies de 3 milliards de dollars sur cinq ans en actualisant son régime fiscal. Il prévoit notamment recentrer le crédit d’impôt sur les ressources sur les minéraux critiques et stratégiques, uniformiser les taux de taxe sur les primes d’assurance et celui de la TVQ, et éliminer les dépenses fiscales inefficaces ou peu utilisées. On doute que ces mesures représentent véritablement une économie aussi importante.
Investissements dans les infrastructures
Le gouvernement du Québec porte le Plan québécois des infrastructures à 164 milliards de dollars, une hausse de plus de 11 milliards de dollars, afin de stimuler l’économie québécoise dans un contexte de forte incertitude économique.
Analyse préliminaire
L’an dernier, le ministre des Finances, Éric Girard, avait prévenu que des choix difficiles attendaient le Québec. Le budget présenté cette année le confirme. Sur le plan économique, le budget est teinté par les menaces tarifaires provenant de l’administration Trump et les mauvaises décisions des années antérieures. D’ailleurs, le gouvernement a préféré jouer de prudence et reporter la présentation de son budget de quelques semaines, pour faire face à l’incertitude actuelle et aux données changeantes.
Devant l’ambiguïté à la frontière, le gouvernement table sur une croissance économique particulièrement modeste. Les mesures de soutien au développement économique sont rares, et font plutôt place à des mesures ciblées de défense de certains secteurs économiques jugés stratégiques. Il n’est toutefois pas clair, à ce moment-ci, que ces mesures seront suffisantes, compte tenu de l’ampleur du défi auquel l’économie québécoise fait face.
Sur le plan budgétaire, la situation se corse également : les revenus stagnent, et le gouvernement échoue à contrôler le déficit, qui atteint un nouveau sommet de 13,6 milliards de dollars. Un ralentissement des dépenses est imposé à la plupart des ministères. La croissance des dépenses des portefeuilles est ainsi limitée à 1,8 pour cent, un taux inférieur à l’inflation. Des programmes ou mesures existants, jugés soit inefficaces, soit trop dispendieux, sont abolis ou réaménagés, permettant de dégager de premières économies.
Le budget du gouvernement du Québec dépend encore largement des paiements de transferts du gouvernement fédéral et des paiements de péréquation. La marge de manœuvre se rétrécit d’année en année et les choix qui n’ont pas été faits cette année, ne pourraient être que plus difficiles dès l’an prochain.
Pour plus d’informations sur le Budget du Québec 2025-2026, il est possible de le consulter en ligne ici. À noter qu’en cas de disparité avec les documents officiels du gouvernement du Québec, ces derniers ont préséance.